Patrimoine local

Abbaye royale Notre Dame de Fontaine-Jean

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ODET DE COLIGNY DIT LE CARDINAL DE CHATILLON PREMIER ABBE COMMANDATAIRE DE L’ABBAYE CISTERCIENNE DE FONTAINE-JEAN

Le 15 août 1516, à Bologne, un Concordat (1) entre le papa Léon X et le roi de France François 1er, bouleversa l’ordre des choses jusqu’alors établies dans l’Église de France. Le roi allait nommer lui-même les Abbés des communautés religieuses. En retour le Saint Siège bénéficiait de l’« Annale » (revenu d’une année sur certains bénéfices ). Le Concordat enlevait donc aux chapitres des monastères l’antique droit d’élection de leurs Abbés. La mise en ‘‘commende’’ , selon l’expression consacrée (Abbés commendataires), ne fit plus élire des religieux de l’ordre, mais des laïques, des capitaines, voir des enfants que le roi voulait récompenser. Pour les communautés religieuses, ce fut le début d’une décadence presque irrémédiable.

C’est le roi Henri II qui nomma Odet de Coligny 1er abbé commendataire de Fontaine-Jean en 1549. Il était le frère aîné du fameux amiral Gaspard de Coligny, chef protestant. La nomination d’Odet faisait suite a celles des 37 abbés réguliers qui s’étaient succédés depuis la Fondation de l’abbaye en 1124.

En dehors de Fontaine-Jean, Odet détenait la ‘‘commende’’de 12 autres abbayes. Citons par exemple les abbayes dans le Loiret de Ferrières-en-Gâtinais et Saint-Benoit-sur-Loire et dans l’Yonne de Vezelay, Vauluisant, St-Jean de Sens. Il fit composer le cortulaire général ou recueil de tous les titres, chartes et actes appartenant à l’abbaye de Fontaine-Jean.
Il abjura le catholicisme en septembre 1561 et se rallia à la religion de son frère Gaspard. Les moines de Fontaine-Jean ne voulurent plus le reconnaître comme Abbé. D’ailleurs il avait puisé sans ménagement dans les ressources de l’abbaye, laissant aux moines à peine de quoi vivre.

Nous arrivons à une époque longue d’environ 30 ans, marquée par des guerres civiles dites guerres de religion. Les moines de Fontaine-Jean, avec l’aide de leur prieur et par un arrêt du parlement du 24 septembre 1562, obtinrent l’autorisation de fortifier leur monastère et reçurent même un certain nombre de soldat pour les protéger. Malheureusement les événements se précipitèrent et ces mesures n’allèrent pas à leur terme.
Le 5 octobre 1562, Les Huguenots(2) venant de Châtillon (fief des Coligny) attaquèrent l’ abbaye qui dans un premier temps, résista. Après plusieurs jours de siège, alors que les assaillants sont sur le point de se retirer, ils mettent le feu à l’église. L’incendie s’arrête au transept, laissant le choeur intact, mais le feu se communique aux autres bâtiments. Maîtres de l’abbaye, les Huguenots commencent le pillage de ce qui a échappé aux flammes. Les tombeaux des Courtenay sont profanés.

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Odet fut excommunié en 1563. Il dut remettre au roi les titres de ses 13 abbayes. Il s’enfuit en Angleterre et mourut en 1571.
Une grande partie du Fontaine-Jean médiéval a disparu dans l’incendie d’octobre 1562. Les démolisseurs post-révolutionnaires ont eu raison du choeur entre 1822 et 1834, restent 2 travées du mur nord du choeur. Miracle de la Providence cette muraille peut nous permettre de reconstituer graphiquement plus de 90 % de l’abbatiale. Un plan parterre connu d’Eugène JAROSSAY, d’Anselme DIMIER et de Marcel AUBERT est d’une importance capitale. Ainsi il devient possible de reconstituer l’abbatiale en 3 dimensions (3 D).

Fontaine-Jean est en sommeil depuis plus de 200 ans. La Belle-au-Bois-Dormant avait dormi 100 ans. Y aura t-il un fils de roi pour réveiller Fontaine-Jean, comme cela se fit dans le conte de Charles Perrault.
(1) COINCORDATS : convention entre le Saint-Siège et un Etat souverain
(2) HUGENOTS : De l’allemand confédérés Noms donnés à cette époque aux calvinistes par les catholiques.
Texte retranscrit de la Gazette n°62 2003 ; Association pour la reconnaissance de l’abbaye Royale Notre-Dame de Fontaine-Jean.